Rezension über:

Kevin Madigan: Medieval Christianity. A New History, New Haven / London: Yale University Press 2015, XXIV + 487 S., 47 s/w-Abb., ISBN 978-0-300-15872-4, GBP 25,00
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Rezension von:
Anne-Laure Méril-Bellini delle Stelle
Université de Toulouse II - Le Mirail
Redaktionelle Betreuung:
Ralf Lützelschwab
Empfohlene Zitierweise:
Anne-Laure Méril-Bellini delle Stelle: Rezension von: Kevin Madigan: Medieval Christianity. A New History, New Haven / London: Yale University Press 2015, in: sehepunkte 17 (2017), Nr. 9 [15.09.2017], URL: https://www.sehepunkte.de
/2017/09/26873.html


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Kevin Madigan: Medieval Christianity

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Kevin Madigan, professeur à la Divinity School de l'Université de Harvard, propose avec ce volume intitulé Medieval Christianity. A New History une synthèse destinée à tous les étudiants abordant pour la première fois la question de la religion chrétienne dans l'Occident de 500 à 1500. Dédicacée à ses élèves, son objectif est de fournir un panorama général de la chrétienté médiévale à la fois sur le plan de la foi - à travers ses dogmes et des pratiques - mais aussi sur le plan de la culture et des institutions, sans négliger pour autant les relations de la chrétienté avec les autres religions (juifs aux chapitres 6, 7 et 17, musulmans aux chapitres 10 et 19) ou bien encore avec ses mouvements religieux internes tels que celui des femmes (Frauenbewegung chapitres 9, 11, 12 et 21).

À l'instar de l'ouvrage de référence que fut et demeure L'Histoire religieuse de l'Occident médiéval (1972) de J. Chélini pour les étudiants francophones ou Western Society and the Church in the Middle Ages (1970) de R. W. Southern pour les étudiants anglophones, cette volumineuse édition (487 p.) ne vise donc pas à l'exhaustivité mais entend soumettre aux lecteurs quelques axes de réflexion pour les différents thèmes abordés, dont certains portent sur des problématiques récentes développées depuis quarante ans par les médiévistes (place et rôle des femmes et des minorités religieuses, pratiques religieuses ordinaires et extraordinaires aux chapitres 5, 15 et 16).

Il s'agit donc surtout d'un outil de travail doté d'une chronologie (437-440) échelonnée de 107 à 1517, d'un glossaire (459-464) et d'un index (465-487), complétés par un ensemble de documents iconographiques dont des plans et des cartes (liste XIV-XV). Toutefois, le volume n'inclut pas de bibliographie complète, ce dont l'auteur s'explique dans la préface (XVIII-XXI). En effet, il souhaite avant tout produire un manuel universitaire aisément abordable, ce qui le conduit à réduire drastiquement la bibliographie et les citations de sources et à éliminer les notes infrapaginales. Quelques indications bibliographiques sont néanmoins disponibles dans la partie « Notes » (441-457).

Pour faciliter la prise en main de l'ouvrage, l'auteur structure son propos de façon chronologique reprenant le découpage tripartite traditionnel de l'époque médiévale : le haut Moyen Âge (600-1050) est divisé en deux parties (I- Early Christianity (1-28) ; II- Early Medieval Christianity (31-116)), tandis que le Moyen Âge central est organisé autour d'une unique partie (III- High Medieval Christianity (117-365)), tout comme le Bas Moyen Âge (IV- Later Medieval Christianity (367-435)). Chaque partie est elle-même subdivisée en plusieurs chapitres dont l'approche peut être aussi bien chronologique que thématique. Sur le plan géographique, l'auteur balaye l'ensemble de l'Occident médiéval avec un éclairage plus marqué sur les mondes anglais et irlandais (chapitres 2 et 3) - point particulièrement intéressant pour des lecteurs français ou allemands peu familiers de ce cadre spatial.

Les parties I et II retracent les étapes de la formation de l'Église qui se pose comme catholique, c'est-à-dire universelle, mais aussi comme une institution structurée tant dans le domaine spirituel que temporel. La partie III montre comment le Moyen Âge central est ensuite bousculé par les mouvements de réformes spirituelles, temporelles et institutionnelles et débouche, à terme, sur un bas Moyen Âge éclaté et hésitant sur la définition même de chrétienté. Chaque chapitre ou presque est amorcé à partir de références essentielles de l'historiographie anglo-saxonne qui sont présentées et discutées, ce qui permet à l'auteur de mettre l'accent sur des précautions méthodologiques importantes vis-à-vis des sources et de leur vocabulaire, mais aussi du lexique de l'historien. Ensuite sont développés les points essentiels à la compréhension de la thématique abordée sans que tout soit cependant exploré en détail. Par exemple, pour l'empire carolingien (chapitre 4, 69-79), l'auteur se concentre sur quelques notions clés (Empire, papauté, controverse iconoclaste), quelques personnages (Charles Martel, Charlemagne) et lieux historiques majeurs (Aix-la-Chapelle).

L'approche est donc efficace dans sa démarche pédagogique. Pour autant, on regrettera le déséquilibre dans le traitement de chaque partie et des différents thèmes. Par exemple, la controverse iconoclaste est abordée en quelques lignes (71), tout comme la Reconquista (106-107) ou l'alliance de la papauté avec les Normands au XIe siècle (134). A l'inverse, d'autres sujets sont largement détaillés. Ainsi, le chapitre consacré aux Franciscains s'étale sur trente pages (chapitre 12, 226-256), soit l'équivalent de la partie I et du chapitre 1. C'est encore plus net pour la partie II consacrée au Moyen Âge central qui bénéficie de 248 pages, soit un peu plus de la moitié de l'ouvrage.

Par ailleurs, l'auteur annonce en préface vouloir renouveler le travail de référence de R. W. Southern en présentant de nouvelles thématiques de recherche, mais ses références bibliographiques de la partie « Notes » sont souvent datées (années 1990 à 2000). Ainsi, pour les Dominicains et les femmes mystiques, Kevin Madigan fait bien référence à J. Coakley et C. Bynum, mais omet des travaux plus récents réalisés aussi bien aux États-Unis qu'en Europe et en Australie.

Enfin, la bibliographie de la partie « Notes » se focalise essentiellement sur des références anglo-saxonnes. Rares sont les mentions de travaux d'historiens européens non-anglophones (par exemple, pour la France, J. Delumeau, A. Vauchez, J-C Schmitt pour des études déjà anciennes) - biais que l'on peut toutefois comprendre dans la mesure où l'ouvrage est pensé comme un manuel d'une part et, d'autre part, parce que les auteurs non-anglophones ne sont pas toujours traduits en anglais et s'ils le sont c'est après un long délai (par exemple, A. Vauchez, La spiritualité du Moyen Âge occidental, 1975, traduit seulement en 1993 sous le titre The Spirituality of the Medieval West).

Ces quelques bémols n'enlèvent rien à l'ouvrage qui a atteint son objectif de vulgarisation. Sa lecture agréable, sa démarche pédagogique et ses recommandations méthodologiques en font assurément une synthèse de premier ordre que les étudiants d'Harvard et d'ailleurs auront plaisir à consulter.

Anne-Laure Méril-Bellini delle Stelle