Rezension über:

Charles Brucker (Hg.): Sénèque «chrétien» à la cour de Charles V. Édition commentée du livre VIII du Policratique, accompagnée d’une traduction en français moderne. Traduction par le franciscain Denis Foulechat du Policraticus de Jean de Salisbury, Père de l’Église du XIIe siècle en 1372 (Chapitres 1-16 et 24-25) (= Linguistique: Traduction et Terminologie; 7), Paris: Editions Honoré Champion 2022, 450 S., ISBN 978-2-7453-5787-8, EUR 65,00
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Rezension von:
Frédéric Duval
École nationale des chartes-PSL, Paris
Redaktionelle Betreuung:
Ralf Lützelschwab
Empfohlene Zitierweise:
Frédéric Duval: Rezension von: Charles Brucker (Hg.): Sénèque «chrétien» à la cour de Charles V. Édition commentée du livre VIII du Policratique, accompagnée d’une traduction en français moderne. Traduction par le franciscain Denis Foulechat du Policraticus de Jean de Salisbury, Père de l’Église du XIIe siècle en 1372 (Chapitres 1-16 et 24-25), Paris: Editions Honoré Champion 2022, in: sehepunkte 22 (2022), Nr. 11 [15.11.2022], URL: https://www.sehepunkte.de
/2022/11/37178.html


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Charles Brucker (Hg.): Sénèque «chrétien» à la cour de Charles V

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Ce volume contient l'édition des chapitres 1 à 10, 12 à 16 et 24-25 du huitième et dernier livre du Policratique, traduction française par Denis Foulechat du Policraticus de Jean de Salisbury. Le livre VIII du Policraticus traite du thème de la démesure, traité du point de vue social (chapitres 1 à 16), puis politique (chapitres 17 à 23), avant une condamnation des épicuriens, en forme de conclusion.

Le chapitre 11, déjà édité par Eric Hicks [1], n'a pas été inclus dans la présente édition. Quant aux chapitres politiques, ils avaient déjà été édités par Charles Brucker dans un volume publié en 1987. Si l'omission des chapitres 17-23 se justifie par la longueur de l'ensemble et par leur thématique spécifique, l'absence du chapitre 11 est vraiment dommageable, car elle ne permet pas, malgré le résumé qu'en donne Charles Brucker, de suivre finement la progression du développement dans la traduction de Foulechat.

Avec ce volume, Charles Brucker clôt une valeureuse et longue entreprise éditoriale qui avait commencé en 1987. Désormais, l'ensemble de la traduction est éditée et accessible. Pour des raisons de commodité, on regrettera qu'elle ait été publiée chez trois éditeurs successifs (Livre IV et VIII (chap. 17-23), CERES, Montréal, 1987 ; Livres I-III, Droz, Genève, 1994 ; Livres V, Droz, Genève, 2006 ; Livres VI-VII, Droz, Genève, 2013), avec des dispositifs distincts de mise en page et de contenu. Ainsi, certains volumes ne donnent que le texte en moyen français, d'autres l'accompagnent d'une traduction en français moderne, d'autres encore d'une traduction en français moderne et du texte latin.

Le présent volume, contrairement aux précédents, ne propose qu'une brève introduction. Il était effectivement inutile de répéter des éléments plusieurs fois présentés antérieurement. Les caractéristiques linguistiques de la traduction de Foulechat, analysées en détails pour les autres livres édités, ne font pas l'objet ici de nouveaux commentaires. De manière générale, la traduction n'est pas à proprement parler analysée dans l'introduction, qui livre surtout un résumé commenté des chapitres édités. Quelques pistes intéressantes sont toutefois données, qui mériteraient d'être approfondies, comme la modification du style de Jean dans ces chapitres consacrés à l'éthique personnelle, de même que l'accentuation du stoïcisme du Policraticus dans la traduction française.

Le principal apport du volume est l'édition de la traduction, qui suit le manuscrit Paris, BNF, fr. 24287 (manuscrit de dédicace à Charles V, sigle N), collationné avec le manuscrit Paris, bibl. Sainte-Geneviève 1145 (sigle G). Le texte imprimé est bien ponctué et rend aisément accessible la prose de Foulechat. Devant une difficulté, le lecteur pourra se reporter au glossaire, à la traduction en français moderne ou à d'éventuelles notes.

Malheureusement, une collation de l'édition sur le f. 236 du manuscrit de base a fait ressortir de très nombreuses erreurs de transcription : omission et modification graphique : touz ses compaingnons (éd.) pour touz ces compaingnons (ms.) (6.153) ; confusion de préposition : et a ce (éd.) pour et en ce (ms.) (6.158) ; mauvaise lecture d'une forme abrégée : plus loys (éd.) pour plusieurs (ms.) (6.161) ; pueple pour peuple (7.1) ; ceste pour celle (7.3) ; a esté pour ci fu (7.4) ; quieux pour quiex (ibid.) ; les autres sont licheries pour les autres licheries (7.8) ; omission de a force (7.11), etc. Le texte donné à lire n'est donc pas sûr, ce qui a pour effet de rendre pratiquement inutiles les variantes de G. En effet, l'édition relève toutes les variantes de G, y compris graphiques, alors que le texte de N ne correspond pas à celui donné dans l'édition. D'autres signes trahissent un manque de relecture (bourions pour bourjons 1.41).

La répartition de l'annotation, entre traduction française moderne et translation de Foulechat n'est pas toujours évidente, mais il ne pouvait en être autrement. Cet inconvénient aurait pu être réduit par une impression des deux versions en regard.

Comme dans les volumes précédents, le texte est accompagné d'un index complet et d'un glossaire extensif. Le glossaire est attentif à l'état des connaissances lexicographiques et met en valeur des premières attestations, souvent en les accompagnant de quelques remarques, notamment bibliographiques.

D'un point de vue général, il faut saluer l'achèvement du colossal travail entrepris par Charles Brucker, il y a plus de 35 ans. Désormais, il est possible de lire l'intégralité de la traduction de Denis Foulechat dans une édition moderne, accompagnée d'apparats critiques plus ou moins développés d'un volume à l'autre. On regrette tout de même que les responsables de la collection n'aient pas fourni le travail nécessaire en amont de la préparation et de l'impression du volume. Les coquilles, extrêmement nombreuses, dénaturent l'ensemble du livre, du même que des mots omis ou l'absence de normalisation dans l'emploi des majuscules. Il a manqué à coup sûr une supervision éditoriale de qualité, que méritait le travail de Charles Brucker.

Annotation:

[1] A Mirror for Misogynists: John of Salisbury's Policraticus (VIII, Les variantes xi) in the translation of Denis Foulechat (1372), in: Reinterpreting Christine de Pizan, hg. v. Jeffrey Richards, Nadia Margolis, Christine Reno, Athens 1992, 77-102.

Frédéric Duval