Rezension über:

James H. Richardson: The Fabii and the Gauls. Studies in historical thought and historiography in Republican Rome (= Historia. Einzelschriften; Bd. 222), Stuttgart: Franz Steiner Verlag 2012, 190 S., ISBN 978-3-515-10040-3, 52,00
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Rezension von:
Martine Chassignet
Institut de latin, Université Marc Bloch, Strasbourg
Redaktionelle Betreuung:
Matthias Haake
Empfohlene Zitierweise:
Martine Chassignet: Rezension von: James H. Richardson: The Fabii and the Gauls. Studies in historical thought and historiography in Republican Rome, Stuttgart: Franz Steiner Verlag 2012, in: sehepunkte 12 (2012), Nr. 11 [15.11.2012], URL: https://www.sehepunkte.de
/2012/11/21572.html


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James H. Richardson: The Fabii and the Gauls

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Ce livre, issu d'une thèse de doctorat soutenue par J.H. Richardson en 2004, est une contribution incontournable pour qui veut appréhender la pensée historique et l'historiographie de la Rome républicaine. Son contenu va au-delà de ce que son titre principal, The Fabii and the Gauls, laisse supposer. Le sous-titre, Studies in Historical Thought and Historiography in Republican Rome, est plus explicite à cet égard.

L'ouvrage se compose de trois parties, précédées d'une courte introduction et suivies d'une conclusion générale, d'une bibliographie et d'un index.

L'introduction (9-15) pose le sujet du travail ainsi que la méthode adoptée pour le traiter. Le sujet est bien défini:

"It is the purpose of this work to discuss several Roman views and beliefs about human nature and about history and historiography, and to attempt to measure something of the impact that these seemingly common beliefs have had on the literary tradition" (9).

L'exposé de la méthode, indispensable pour la compréhension de la démarche du chercheur britannique, est tout aussi clair:

"The approach that has been taken in Chapters II and III of the book has deliberately tended very much towards the inclusive. That is to say, an extremely wide range of possible parallels and repetitions has been explored. Inevitably this may well have resulted in some forced arguments and tenuous inferences, and some suggestions that may not appear to be entirely persuasive. There are two reasons why this approach has nonetheless been adopted. Firstly, an unpersuasive connection is as useful as a persuasive one, even if only in a negative way, as it allows for the limits of the repetition and patterning to be tested. What counts as persuasive will, moreover, inevitably vary from person to person and so an inclusive approach will allow readers to assess the evidence as they wish and to discard whatever they find unconvincing. However, allowances must be made for ancient thinking too, and this is the second (and more important) reason why this approach has been adopted. One of the principal theses of this book is that people in antiquity were considerably more alert and more open to seeing repetition in behaviour and parallels in events than people are today, and that people in antiquity were more likely and more willing to draw connections between events than people are today. Consequently what may seem forced to modern tastes need not have done so to ancient" (12).

La première partie est intitulée "The influence of noble self-presentation on historical thought and historiography" (17-54). Deux idées sont au centre de la démonstration de l'auteur: d'une part la croyance, très répandue à Rome, selon laquelle les membres d'une gens ont des comportements similaires et par conséquent agissent selon un même modèle; d'autre part les conséquences que cette croyance a pu avoir sur la pensée historique des Romains et sur l'élaboration de la tradition historiographique. Cette partie s'appuie sur des exemples, judicieusement choisis: les Iuniii Bruti, les Decii Mures et les Claudii patriciens. Les exemples sont destinés à montrer deux choses: on attendait des membres d'une gens un comportement correspondant aux actions de leurs ancêtres ou d'un ancêtre en particulier; ces représentations, présentes dans l'historiographie, ne sont pas une création purement littéraire ou historiographique; elles correspondent à un schéma mental. Le reste de cette première partie donne d'autres exempla, tous pertinents, pour étayer cette même thèse.

La deuxième partie a pour titre "The traditions of the Fabii" (57-113). Ces pages sont un exemple concret de l'impact que ce stéréotype selon lequel les membres d'une même gens ont toujours le même comportement, a eu sur la formation de la tradition historiographique. J.H. Richardson s'explique sur ce choix des Fabii: la "standardisation" de la présentation des différents membres de cette gens est moins évidente de prime abord que pour les autres gentes; par voie de conséquence la recherche moderne ne s'y est guère intéressée (58). Cette partie montre avec brio comment, dans la représentation que les Romains s'en faisaient, le comportement des autres Fabii est calqué sur celui de leur ancêtre, Fabius Maximus Verrucosus. La tradition littéraire n'a fait que participer à cette croyance, modelée et embellie par les générations successives d'historiens.

La troisième et dernière partie, "The Fabii and the Gauls" (115-162), consiste en une analyse détaillée de la tradition de la prise de Rome par les Gaulois. Ces pages sont destinées à illustrer la manière dont les Romains incorporent un matériau dans la tradition historique. L'argumentaire est bien mené: après avoir montré que la tradition antique sur la prise de Rome n'est pas univoque, l'auteur s'attache à montrer la non historicité de l'ambassade des trois Fabii à Clusium et du rôle de Camille lors de l'attaque gauloise, avant de s'attarder sur le parallèle existant entre la tradition relative à la prise de Rome par les Gaulois et celle concernant l'offensive des Perses contre Athènes. J.H. Richardson en conclut que la tradition du sac de Rome fut élaborée au IVème siècle sur le modèle grec. Cette démonstration lui permet de nuancer, voire contester le rôle des historiographes, notamment de Fabius Pictor, dans la création de la tradition (159-162).

La bibliographie est riche. Tout au plus pourrait-on suggérer à l'auteur d'y ajouter l'ouvrage de D. Briquel, La prise de Rome par les Gaulois. Lecture mythique d'un événement historique, Paris, 2008.

Au total donc, une démonstration convaincante, bien étayée, et qui a incontestablement le mérite d'aborder d'autres voies que celles communément admises. On me permettra de revenir sur la conclusion de l'auteur quant au rôle joué par Fabius Pictor dans l'élaboration de la tradition de la prise de Rome par les Gaulois. Comme le reconnaît J.H. Richardson, l'état fragmentaire dans lequel les textes de l'historiographie antérieure à l'époque cicéronienne nous sont parvenus, ne nous permet pas d'appréhender pleinement l'œuvre de chacun de ces auteurs (160). Nous ignorons par exemple quelle place exacte Fabius Pictor a attribuée à la relation de l'histoire récente dans son œuvre. De fait, ne pourrait-on pas appliquer à cet épisode le jugement porté par J. Heurgon à propos de la geste des Tarquins: "Tout porte à croire que dans la matière qui s'offrait à lui Fabius (ou ses devanciers immédiats) a taillé et recousu de façon que la toile eût les dimensions prescrites" (J. Heurgon, Rome et la Méditerranée occidentale jusqu'aux guerres punique, Paris 31993, 218). De quelle manière précise, nous l'ignorons. Ce qui est sûr: cette matière prend ses racines dans la structure mentale romaine.

Martine Chassignet