Rezension über:

Geneviève Bresc-Bautier / Guillaume Fonkenell: Histoire du Louvre, Paris: Musée du Louvre 2016, 3 vol., 1984 S., ISBN 978-2-21367-111-6, EUR 200,00
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Rezension von:
Guillaume Nicoud
Archivio del Moderno, Università della Svizzera italiana, Lugano
Redaktionelle Betreuung:
Kristina Deutsch
Empfohlene Zitierweise:
Guillaume Nicoud: Rezension von: Geneviève Bresc-Bautier / Guillaume Fonkenell: Histoire du Louvre, Paris: Musée du Louvre 2016, in: sehepunkte 17 (2017), Nr. 12 [15.12.2017], URL: https://www.sehepunkte.de
/2017/12/29609.html


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Geneviève Bresc-Bautier / Guillaume Fonkenell: Histoire du Louvre

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Enfin une véritable Histoire du Louvre! C'est en effet un ouvrage qui traite exhaustivement de toutes les étapes successives de développement du lieu jusqu'à nos jours que nous offre l'établissement muséal.

Après avoir rappelé la topographie de son implantation historique dès les ères préhistorique et antique, l'Histoire du Louvre insiste sur son importance stratégique subite à l'époque gothique. L'ouvrage se poursuit sur l'évocation de sa mue à la Renaissance et au début du XVIIème siècle et sur celle de l'éclosion concomitante d'un jardin et d'une demeure de plaisance suburbaine: les Tuileries. Puis il insiste sur leur remarquable développement et leur réunion au sein d'un même "Grand Dessein", entreprise ultérieurement entravée par l'émergence d'une nouvelle résidence royale: Versailles. Il s'ensuivit l'affirmation de la vocation culturelle de la partie Louvre et de son acceptation comme alternative à son usage de résidence royale tant par le pouvoir princier ou républicain, que par l'opinion publique naissante.

Après le tragique épisode de l'amputation des Tuileries, le chantier palatial des siècles à peine achevé, il nous présente enfin la lente mais irrésistible transformation du bâti conservé en un quasi-exclusif musée d'art occidental. Celui-ci devient un instrument majeur de la politique culturelle nationale (avec une large ouverture à l'internationale sous la Cinquième République). Aujourd'hui, il a atteint ses limites spatiales, rendant ainsi opportun un tel regard rétrospectif.

Du fait de son sujet, la lecture de ces trois volumes comptant en tout 1984 pages [1] ne peut qu'être recommandée à qui veut étudier à la fois l'histoire et l'histoire de l'art en France, plus particulièrement à travers l'histoire d'un de ses joyaux emblématiques et lieux de mémoire. Rares sont les sites aussi régulièrement en lien avec la création artistique et l'exercice du pouvoir en France et le Louvre est d'autant plus un cas d'école qu'il témoigne aussi de l'institutionnalisation de la culture.

Dès les premières lignes, se manifeste pleinement le sous-entendu, qui parcourt tout l'ouvrage, de considérer les séquences historiques modernes que connaîtrait le lieu comme une lente et inéluctable conquête du musée dans et sur le palais, un mouvement séculaire qui ne s'est achevé qu'en 2014 avec le Grand Louvre et les rénovations et agrandissements établis sur sa lancée. Certes le musée "a finalement triomphé" (I, 13) sur le politique dès le XIXème siècle, mais il convient de nuancer en rappelant que c'est une sorte de victoire par défaut, après l'incendie de la résidence des Tuileries en 1871, suivi de l'abandon de sa reconstruction.

Ce temps architectural "d'expansion et de développement" (I, 22) appartenant dorénavant à l'histoire, il est par conséquent réuni au reste du récit historique, ce qui n'est pas la moindre particularité - et qualité - de cet ouvrage. L'institution porte dorénavant prioritairement son attention à mieux satisfaire ses publics, qu'il faut donc parfois (re)conquérir et (re)fidéliser.

Cette finitude spatiale offre aussi l'opportunité de mieux conserver, étudier et présenter les œuvres maintenant qu'il est plus aisé de les répartir spatialement selon les besoins, entre salles d'exposition, dépôts, expositions temporaires et réserves. Ainsi, même si le Louvre ne se voit plus prioritairement comme un outil de formation ou d'échange artistique - alors que ceci avait pourtant motivé jusqu'à sa création -, il revient à son cœur de métier pour continuer à se légitimer. Cette publication illustre à la fois ce tournant (la fin de l'épopée architecturale tout comme celle des grands déploiements des collections - arrivées elles aussi à leur taille critique) et fournit un outil pour établir cette nouvelle donne en prenant en compte le passé.

C'est en effet le (musée du) Louvre qui présente ici son propre récit historique, les trois directeurs scientifiques de l'édition - Guillaume Fonkenell (vol. I), Françoise Mardrus (vol. II) et Yannick Lintz (vol. III) -, ainsi que la plupart des 101 auteurs, étant issus de l'établissement (pour leur liste complète, voir I, 5; II, 5; III, 4-5). Ils sont tous, à divers titres, liés à une spécialité éclairant l'histoire du palais-musée et possèdent une très grande expertise du sujet.

C'est aussi l'aboutissement des recherches sur le Louvre et de leur coordination par la première des spécialistes du sujet, Geneviève Bresc-Bautier, principale directrice scientifique des volumes et dont la mission consacrée à histoire du Louvre au sein de l'établissement et les diverses publications ont permis déjà bien des éclaircissements qu'elle a réussi à largement divulguer dès la fin des années 1980.

Dans un avant-propos, Geneviève Bresc-Bautier esquisse une novatrice histoire de l'histoire du Louvre (I, 30-37), qu'il conviendrait d'approfondir, en s'intéressant notamment au bagage de connaissance qu'ont pu avoir sur le bâtiment ses premiers architectes-restaurateurs depuis Percier et Fontaine. [2] Elle n'omet pas de relever les lacunes persistantes de la recherche, en premier lieu sur l'architecte Hector Lefuel, tout en soulignant combien sont remarquables les avancées faites depuis que Michel Laclotte eut l'idée d'un tel ouvrage en 1988, quand il dirigeait l'établissement.

Guillaume Fonkenell est le second auteur principal d'un ouvrage qu'il a l'honneur de conclure en mettant cette histoire en perspective (II, 752-756). Sa maîtrise de l'histoire de l'architecture et plus particulièrement de celle du Louvre - et des Tuileries - ont sans doute permis les constants et novateurs développements que l'ouvrage présente sur ce point. Il est en outre l'auteur des indispensables dessins, plans et restitutions.

Il suffit de parcourir l'abondante illustration de l'ouvrage, parfois inédite malgré le sujet et souvent parfaitement remise en contexte, pour être rapidement convaincu que cette publication renouvelle le sujet. Malheureusement, du fait du format choisi (29 cm), l'étude attentive de bon nombre d'entre elles engendre de la frustration, car elles sont souvent si petites qu'on ne peut y retrouver tel détail indiqué par le texte ou y lire les inscriptions.

Si ce livre prit autant de temps à paraître, sa "difficile gestation" (I, 35) ne semble pas venir de difficultés majeures rencontrées dans le traitement des sujets étudiés, mais bien plutôt des contraintes fluctuantes produites par la coordination d'un tel nombre d'intervenants tout en respectant la ligne éditoriale fluctuante de l'établissement. L'avant-propos comme la conclusion rappellent aussi que cette publication est l'occasion d'un état des lieux - et profond renouvellement du sujet - qui ne peut qu'engendrer de nouvelles études qui surmonteront ainsi les nécessaire contraintes (assumées) de la rédaction d'un récit d'une institution par cette même institution.


Notes:

[1] Les deux premiers regroupent les chapitres historiques, avec respectivement 765 et 775 pages; le dernier volume comportant un dictionnaire à 65 entrées, une bibliographie - mais malheureusement accompagné d'aucune liste d'archives - et des index en 444 pages.

[2] Une démarche que nous menons en nous fondant sur les textes de Percier et Fontaine sur le Louvre et les Tuileries.

Guillaume Nicoud